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De Årøya à Hattvika – Des Cétacés, des déchets et des Hommes – 22.05.2024

08-06-2024 16:30

Aline Guignard

Cap Kayak,

De Årøya à Hattvika – Des Cétacés, des déchets et des Hommes – 22.05.2024

Dans ce lot de déchets, il y a les habituels et puis les insolites, ou encore ceux qui nous font revisiter les lois de la physique. Nous ne pouvons ...

« Cette année, nous avons eu un bel été ! C'était hier. » Trait d'humour jaune suédois qui sied à merveille à son voisin la Norvège. Hier nous avons eu droit à 20°C, demain il fera 6° et avant-hier nous désespérions de connaître un printemps avant le prochain hiver. Car de la neige et du froid, nous en avons soupé. Mais déjà nous appréhendons leur probable absence la saison prochaine, alors sous d'autres latitudes. Nous les aimons et nous voulons les quitter, sans être prêts à les perdre...

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Sans plus de philosophie ni d'humour, la persistance de la saison froide nous a surpris. Lorsqu'il avait fallu faire le tri de nos affaires à Skibotn, si nous avions hésité quant à l'utilité de certains accessoires, ce ne fut en aucun cas sur nos chaussures d'hiver que se sont portés nos doutes. Pourtant, en cette fin mai, elles nous ont manqué. Deux jours à passer sous la tente, bloqués par les vents pour naviguer, bloqués par la neige pour randonner. Car à quand une météo capable de sécher notre unique paire de chaussures trempées ? Alors depuis la fenêtre de notre maison de toile, nous nous émerveillons de la beauté qui nous enveloppe. Tout est blanc autour de nous, à l'exception de cette grande tache bleue qui se perd à l'infini...

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Depuis que nous naviguons en Norvège, jamais nous n'avons eu de difficulté à trouver de l'eau, celle-ci ruisselant des hauteurs en timides ruisseaux ou en cascades luxuriantes. Par sécurité, nous voyageons toujours avec nos deux vaches à eau remplies de 4 litres chacune ; stigmates de périodes moins abondantes ? Lorsque les habitants dans les propriétés desquels nous plantons la tente nous le proposent, nous profitons de nous réapprovisionner à l'eau filtrée du robinet. Trouver un emplacement de bivouac est somme toute relativement aisé dans ces régions, et ce grâce à trois facteurs principaux. Le droit d'accès à la Nature, la gentillesse des locaux et l'anticipation d'Olivier. Ce dernier ayant relevé à l'avance sur notre carte une multitude de lieux accostables, nous n'avons plus qu'à composer nos navigations en fonction. Et les manœuvres d'accès à la rive que j'appréhendais tant deviennent alors anodines, ou presque. Dépendamment du niveau de la marée à notre arrivée à terre et à notre départ, nous pouvons avoir quelques surprises : un tapis d'algues glissantes ou une baie entière à parcourir à pied pour rejoindre la mer qui s'est retirée sur une distance remarquable mais ennuyeuse. 

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Si jamais nous ne manquons d'eau, il en va de même pour la nourriture. Hyper prévoyants ou simplement conscients d'une réalité météorologique, nous avons pris l'habitude de calculer nos achats avec une marge de manœuvre relative. Si nous devons par exemple nous réapprovisionner pour cinq jours de navigation, nous achetons pour quinze jours de nourriture. Jamais nos kayaks n'ont été aussi lourds de victuailles ! Parallèlement, nous avons aussi épuré notre équipement au fil du temps, plus à même d'évaluer nos besoins pour cette vie d'itinérance en kayak que l'on a adoptée il y a plus de deux ans maintenant. 

 

Le temps file, la barbe pousse, le poil blanchit. Et ce ne sont pas les quelques coups de ciseaux donnés de sept en quatorze destinés à dompter cette broussaille qui changeront cet inéluctable. 

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Conjugués aux icebergs, aux morceaux de glace flottants, banquise et autres chevaliers des temps froids, la nuit disparaît. Soleil de minuit, c'est vite dit. Faut-il que la vedette ne lui soit pas dérobée par les nuages ni par un pan de montagne. Ce qui est par contre certain, c'est que l'obscurité a décampé il y a bien longtemps maintenant. Pour parer à son absence magistrale et tirant bénéfice des basses températures je l'admets, je dors avec mon bonnet calé sur mes yeux, qui n'y voient que du feu. En même temps, cette luminosité est un réel atout car elle nous offre carte blanche pour nos horaires de navigation et anéantit tout stress lié à la tombée de la nuit. Nuit, jour, les mots perdent de leur sens et nous le nord. Car oui, il y a bien eu une fois ou deux où l'on se réveille, prêts à attaquer la journée avec entrain, avant de réaliser qu'il n'est que deux heures du matin, ou pire, onze heures du soir...

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Des jours durant nous ne voyons âme humaine. Pourtant, chaque jour nous rencontrons une armée de déchets. Impossible de s'imaginer au milieu de nulle part, lorsque chaque lieu est défini comme quelque part où les rejets de l'homme s'encoublent à la Nature. Belle plage paradisiaque ? Affublée d'une parure plastique. Une baie sauvage et authentique ? Perlée de pare-battages et autres bouées. Dans ce lot de déchets, il y a les habituels et puis les insolites, ou encore ceux qui nous font revisiter les lois de la physique. Nous ne pouvons nous empêcher de nous demander comment une télévision a pu échouer sur les rives d'une baie isolée. Et une roue de camion, ça flotte ? Le jour de mes 40 ans, alors en pleine navigation « au milieu de nulle part », la mer de Norvège nous offre un ballon de foot. Quelques centaines de mètres plus loin, un deuxième ballon de foot. De quoi échafauder les hypothèses des plus farfelues. Néanmoins, une fois les chaussures, flacons de savon et autres accessoires de beauté sortis du lot, la plupart des déchets proviennent de l'industrie de la pêche. Filets, bacs plastiques, bidons de produits chimiques, sections d'enclos à saumon... Le poisson de l'Atlantique a comme qui dirait un petit arrière-goût. 

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Des jours durant nous ne voyons âme humaine, mais pas un seul ne se passe sans que nous ne rencontrions âmes qui vivent. Les Macareux font désormais partie de nos compagnons de route, tout comme les Sternes arctiques. Les Nise, ou Marsouins communs, sont des amis de longue date maintenant et un nouvel individu a rejoint la famille des Cétacés. Nous ne l'avons pas tout de suite reconnu. D'abord l'avons-nous pris pour des Springers, Dauphins à nez blanc, mais rapidement avons-nous réalisé que cela ne collait pas. Ce que nous observons, c'est un aileron relativement petit comparativement au Springer, placé en arrière d'un long dos plat exposant clairement son évent à l'avant, non loin d'une bouche qui n'a absolument rien du bec du dauphin mais tient plutôt de celle de la baleine. Retour à nos encyclopédies ! S'il n'est pas facile de s'y retrouver dans la classification et la dénomination des Cétacés, c'est la Baleine de Minke, appelée aussi Petit Rorqual, qui correspond au mieux à nos observations. La croiser me fascine et me déconcerte car inéluctablement je me demande comment une masse de plus de huit tonnes peut, de par son mouvement, insuffler une telle légèreté ? La voir surgir de l'eau en une courbe lente, m'offre à chaque fois comme une respiration à pleins poumons, comme un souffle d'air doux et reposant. Quand en outre l'une d'entre elles nous surprend aux aurores ou lorsque nous voguons en synchronicité, c'est tout simplement puissant. / AG 

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